Par Fred W. Mwasa et Sylidio Sebuharara
Environ 1.5 millions d’âmes vivent à Goma, la capitale du Province du Nord Kivu en Republique Democratique du Congo, dont la quasi majorité n’a pas l’accès à l’eau potable pour la consommation humaine.
Cela, en dépit de sa proximité du Lac Kivu, un des grand lacs d’Afrique, qui a d’une dimension de 1,000 km carré. L’eau du lac est fortement salé. Par conséquent, elle n’est pas bonne pour la consommation humaine. Et il n’y a pas des rivières dans la region pour fournir une source d’eau naturelle.
Donc pendant des decennies, la population de Goma dépend du petit voisin, le Rwanda, pour boire de l’eau propre.
Avant la pendémie du COVID-19, les Rwandais et les Congolais transportaient chaque jour de l’eau à vélos, motocyclettes et voitures de Rubavu au Rwanda à Goma, la ville Congolaise de plus d’un million d’habitants. Et cela tous les jours, en jerricans ou tank.
Alors que les relations politique entre les deux pays ont souvent été turbulentes, le flux de l’eau et les affaires continue sans perturbation.
Le genocide de 1994 au Rwanda n’a pas arrêté le commerce de l’eau. Dans les années 2000, le business a continué même quand les relations politiques étaient deteriorées, avec l’Est du Congo en guerre.
Mais la hausse de la pendémie du Covid-19 a effectivement ralenti le commerce- et mis à risqué plus d’un million de la population à Goma qui dépend de l’eau du Rwanda pour boire, se laver et fournir les usines.

Les changements à la frontière du coté du Rwanda, le confinement total, la distantiation sociale- tous les gestes barrières pour freiner le virus- ont eu un impact devastateur sur les centaines des familles dont la survie dépend du trafic de l’eau en RD Congo.
Les chiffres du Rwanda’s Water Utility [La régie nationale de l’eau du Rwanda] montrent que la quantité de l’eau vendue au Congo a diminué de 73 pourcent depuis la fermeture des frontières, de part et d’autre pour lutter contre la propagation du Covid-19.
Au début du Mars, Le Rwanda a commencé les restrictions à sa deux principaux points qui relient Goma à Rubavu, une commune du Rwanda. La frontière a été entièrement fermée sauf pour le transport du cargo.
Au Rwanda, lorsque les autres régions ont assoupli les restrictions dues à la Covid-19, les communes frontalières de la RD Congo sont restées fermées à cause de la hausse des infections depuis sa voisin Rwanda. La commune de Rubavu frontalière de Goma en RD Congo, et la commune Rusizi frontalier du Bukavu au Congo sont coupées du reste du pays.
Le gouvernement du Nord-Kivu a initialement installé ce qu’on a appellé de stratégie d’isolement du Goma au 4 Avril, en fermant la frontière sauf pour les marchandises. Le couvre-feu a été instauré, seuls les marchés et pharmacies étaient permis de fonctionner. Ces mesures sont jusqu’à présent prolongées deux fois, puisque les infenctions locales augmentaient. Au moment où nous rédigions cet article, le Nord-Kivu avait enregistré 65 cas actives, avec 43 rétablis et 5 décès. Au niveau national, RD congo avait enregistré plus de 6,000 cas, 861 rétablis et 135 deces, alors que le Rwanda avait 798 cas, avec 371 rétablis, et 2 décès.
La societé civile de Goma a publié un communiqué le 9 Mai pour remercier le gouvernement provincial pour ne pas imposer le confinement total à Goma. Ils ont dit que le confinement aurait eu un impact devastateur car l’economie du Goma ne peut pas resister la fermeture.
Mais la fermeture de la frontière, l’un des sources majeures de l’eau potable, a été effectivement fermé.
La science derrière le manqué de l’eau
La population du Goma a manqué de l’eau à travers son recent histoire. Il n’ya pas des rivières dans la region. Bien que Goma soit le voisin d’un grand lac, le Kivu, l’eau n’est pas potable. Une etude publiée dans le journal de la recherche geophysique, The American Geophysical Union ( AGU), en Février 2007 explique que la structure du Lac Kivu a fait que son eau soit fortement salée depuis sa formation. La situation a été empirée par l’éruption du volcan Nyiragongo, qui suprlombe la ville. Les autres études confirment.
Le fait que l’eau du lac n’est pas bonne pour la consommation humaine est connue par tout le monde à Goma. Chaque adulte en parle. La population de Goma n’a pas une autre option. Ceux qui peuvent acheter de l’eau venant du Rwanda, c’est pour préparer la nouriture ou boire. L’eau du lac Kivu est utilisées pour les travaux ménagers et l’hygiène corporel. L’indicateur de l’Unicef RDC 2017-2018 pour l’enquête a montré que 56 pourcent de la population du Nord Kivu, qui contient Goma, a une moyenne à haut risque de la bactérie E. coli dans leur eau, donc il n’est pas potable.
Selon les chiffres de la compagnie des eaux et assainissement ( WASAC), le fourniseur national de l’eau au Rwanda, chaque mois début du 2020, au moins 2100 mètres cubes ou 2,1 millions litres de l’eau ont été exportés du Rwanda pour Goma. Ceci signifie que chaque jour environ 80,000 litres sont transportées au Congo.
Celle-ci est la quantité de l’eau transportée officiellement. Cependant, plusieurs villages du coté de la frontière de la RDC trouvent de l’eau à boire chez leurs voisins du coté du Rwanda. La quantité de l’eau traversant la frontière pourrait être plus. Les régions rurales de l’extrême au nord de la ville de Rubavu vers les montagnes de Virunga partagent de l’eau avec les congolais de l’autre coté. Ce flux de l’eau est informel, car les populations dans ces localités vivent en symbiose malgré qu’ils soient des pays différents.
La province du Nord-Kivu en RDC a été la seule dans le pays entiere ou presque 5 pourcent des ménages obtiennent de l’eau des camions, kiosques ou des bouteilles, selon les chiffres de l’Unicef.
Les chiffres spécifiques des gens employés par ce secteur ne sont pas disponibles, mais certaines estimations font état des centaines des miliers des personnes sont impliqués. Environ 350 personnes handicapées travaillant avec la coopérative de Transporteurs Tranfrontaliers de Rubavu ( COTTRARU) au Rwanda utilisent des chaises roulantes adaptées pour transporter des marchandises à la frontière, y compris de l’eau. Les hommes d’affaires puissants ont acheté des camions pour transporter de l’eau. C’était un business lucratif. Les jeunes qui n’ont pas d’emploies cherchent l’argent pour acheter des vélos, qui peuvent porter jusq’à huit bidons de 20 litres à la fois.
Mais ce commerce de l’eau en plein essor s’est brusquement interrompu avec la pendémie du COVID-19. En mars, le gouvernement de Kigali a exigé que tous les Rwandais restent chez eux. La crise qui a suivi a forcé un changement de politique.

Le maire du district de Rubavu, Habyarimana Gilbert, et le bureau local de WASAC ont accepté de permettre à un nombre limité de personnes de continuer à fournir de l’eau. Cependant, ils doivent tous appartenir à des coopératives. Au moment de la rédaction de cet article, il n’y avait que deux coopératives rwandaises: ‘Cotramaru’ et ‘Girubuzima’. Ils ont un effectif de plus de 20 personnes, tous rwandais et opérant auparavant de manière indépendante, mais qui doivent désormais travailler ensemble. En outre, les Congolais ont continué à venir au Rwanda, opérant en tant qu’entrepreneurs individuels. Mais moins de cinq le font chaque jour, contre des centaines avant COVID-19. Ces Congolais toujours en activité sont des hommes d’affaires avec des camions, leur permettant d’acheter de l’eau en grande quantité.
Selon le WASAC et les autorités locales du district, les coopératives devraient réduire le nombre de personnes traversant les frontières afin que la distance sociale soit respectée. Auparavant, à tout moment de la journée, des centaines de personnes transportaient des bidons d’eau. Il aurait été impossible pour les deux pays de contrôler le flux. Les mesures, cependant, ont non seulement tué les moyens de subsistance de certains rwandais, mais ont également laissé toute la population de Goma dans une crise de l’eau.
Pour le mois d’avril 2020, l’usine rwandaise qui produit la grande quantité de l’eau acheminée à Goma n’a enregistré que 300 mètres cubes ou 300,000 litres, soit une baisse de 86% de l’eau transportée à travers la frontière. Et au mois de mai, seulement 500 mètres cubes d’eau traversaient la frontière chaque mois – une réduction de plus de 70% par rapport à mars, selon les données de la WASAC.

En raison de cette énorme baisse d’eau disponible, le coût de l’eau à Goma a explosé à des taux insupportables pour de nombreux Congolais. Avant la pandémie, les transporteurs d’eau ont acheté un bidon de 20 litres à 73 Frw ou 0,07 $ à l’usine. Lorsque le même bidon atteint Goma, il coute entre 150 et 650 rwf (0,16 – 68 $), selon l’emplacement.
Aujourd’hui, le prix d’un jerrycan à la source au Rwanda reste le même. Cependant, à Goma, le jerrycan du Rwanda va jusqu’à 2 000 francs congolais ou environ 1 000 francs rwandais (1,07 $), soit cinq fois plus. Le prix d’un jerrycan d’eau rwandaise est devenu incroyable à Goma. C’est un taux beaucoup trop élevé pour la grande majorité des Congolais, dont beaucoup vivent dans des conditions sordides.
Selon les deux coopératives actuellement autorisées à transporter de l’eau à Goma, la majeure partie de l’eau encore transportée est prioritaire pour les usines de la ville frontalière, comme celle qui fabrique de l’eau minérale et plusieurs autres qui font du vin. Un petit nombre de jerrycans sont également acheminés vers le marché de Birere à Goma. C’est ici que l’élite de Goma, qui peut facilement se payer le coûteux jerrycan, vient acheter pour leur maison. Le reste de la population est abandonnée à son triste sort.

La région est entrain d’essayer de se remettre de plus de 20 ans de guerre. Il y a encore 500,000 personnes déplacées à l’intérieur du pays qui ont abandonné leurs villages pour les camps des deplacés autour de Goma. Depuis 2018, la RDC lutte également contre une épidémie d’Ebola dans les provinces orientales de l’Ituri, du Sud-Kivu et du Nord-Kivu, qui contient Goma, même si seuls 4 cas sur un total de 3470 ont été enregistrés dans les régions de Goma et Nyiragongo.
John Mbuyi a une famille de cinq personnes, dont des jeunes enfants. L’augmentation du prix de l’eau importée l’inquiète. «L’eau des robinets est relativement bon marché mais a un goût salé et les enfants ne peuvent pas la boire», a-t-il dit, ajoutant qu’avant la COVID-19, il achetait un jerrycan de 20 litres tous les trois jours à 1200 francs d’eau potable uniquement, depuis Goma est extrêmement chaud. Aujourd’hui, il paie 2 000 francs.
Il existe des usines d’eau qui alimentent de nombreux quartiers. Le service d’eau congolais a installé des robinets publics où l’eau coule. À tout moment de la journée, il y a des files de jerrycans à ces robinets. Un jerrycan de 20 litres coûte ici 200 francs.
Selon l’enquête de l’UNICEF 2017-2018, environ 44% de la population du Nord-Kivu marche à pieds plus de 30 minutes pour obtenir de l’eau. Près de 20 pour cent passent entre une et trois heures à collecter de l’eau.
Juma Musindu a une famille de six personnes. Il dit que l’eau du Rwanda n’est pas accessible pour eux parce qu’elle est chère et éloignée.
« Laissez de côté la question du prix de l’eau rwandaise; nous à Muja et les gens que je connais qui vivent à Kibumba et Mugunga sommes situés loin du lac Kivu », a-t-il dit. Dans ces zones, les gens doivent parcourir plus de 10 kilomètres pour atteindre le lac, ou marcher jusqu’aux quartiers où il y a des robinets. Certains passent des nuits aux robinets en attendant leur tour.
Pendant la pandémie du Covid-19, quelques vendeurs d’eau bénéficient également de la hausse des prix de l’eau importée.
Brigitte, mère de deux enfants, dirige une entreprise de vente d’eau pour « Maji ya Rwanda » (Eau du Rwanda) dans le quartier de Katoyi. Elle a déclaré: « Chaque lundi, le fournisseur m’apporte 20 jerrycans, que je vends en quatre jours en différentes petites portions. Les prix ont augmenté et c’est une bonne affaire pour moi. Mes enfants sont à l’école secondaire grâce à la vente de l’eau. »
Un autre vendeur de « Maji ya Rwanda », Jules, que nous avons trouvé dans le magasin d’eau de Brigitte, a dit qu’il achète le jerrycan de 20 litres à 1 200 francs et le décompose en conteneurs dont il fait un profit de près de 2 000 francs.

Manque historique d’eau à Goma
La quête de l’eau au Rwanda remonte aux années 30. Le ministère belge des colonies a créé un Fonds du Bien-être Indigène, qui a tenté de trouver une solution au problème de l’eau à Goma. L’administration coloniale belge estimait la population de Goma à 20 000 habitants en 1947, selon les informations d’archives de l’époque.
En 1933, la Régie de Distribution d’Eau et d’Electricité du Congo Belge et du Ruanda-Urundi (Regideso), a été établie comme service public pour fournir de l’eau et de l’électricité au Rwanda, au Burundi puis au Zaïre ( actuel RDC)-tous Colonies belges.
Une petite usine de traitement d’eau a été construite à Gisenyi, au Rwanda, sur la rivière Sebeya. Elle a été construite en vue de la création de la brasserie de la bière et des boissons non-alcoolisées BRALIRWA, qui a ouvert ses portes en 1957. De la même usine, l’eau a été transportée par bateau vers les maisons et les petites usines de Goma. Il ne reste que signes fanées de l’usine d’eau aujourd’hui. Le site est à peine reconnaissable.
En septembre 1976, la Belgique a réuni le Rwanda, le Burundi et le Zaïre indépendants pour former la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL). L’une des premières idées a été de trouver une solution durable au problème de l’eau à Goma. La solution était d’utiliser la rivière à Gisenyi, au Rwanda.
Une usine de traitement d’eau plus grande ainsi qu’un barrage hydroélectrique appelé Gihira 1 ont été installés en 1986 sur la rivière Sebeya. L’usine était encore pour BRALIRWA. Mais c’est devenu l’occasion d’envoyer beaucoup d’eau à Goma. Lors de la construction de l’usine de Gihira I, deux tuyaux de 200 mm de diamètre ont été installés, l’un entrant à Goma par chacun des deux postes frontières qui existent encore aujourd’hui.
Cependant, la fête régionale n’a pas duré. En 1991, le gouvernement rwandais du président Juvénal Habyarimana, par le biais du fournisseur de services publics du pays ELECTROGAZ, a fermé les tuyaux d’alimentation en eau de Goma en raison du manque de paiement par la compagnie d’électricité du Congo.

En janvier 2002, une éruption volcanique du volcan Nyiragongo a détruit une grande partie des infrastructures publiques de Goma dont les conduites d’eau. Dans le même temps, la guerre avait éclaté dans tout l’Est du Congo en 1996, alors que le Rwanda combattait les anciennes troupes gouvernementales et les forces génocidaires après le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda. Les sentiments anti-Rwanda à Goma et dans d’autres régions étaient à leur point d’ébullition depuis lors.
Il n’y avait pas d’eau pompée vers Goma. N’ayant pas besoin des deux conduites acheminant l’eau du Rwanda, ELECTROGAZ (aujourd’hui WASAC) a décidé en 2004 de supprimer complètement les conduites. Le tracé des deux tuyaux est parsemé de maisons résidentielles, de rues et de routes goudronnées dans la ville de Gisenyi.
Mais toujours, selon un responsable qui a dirigé ELECTROGAZ dans la région pendant de nombreuses années, mais qui a requis l’anonymat parce qu’il a pris sa retraite, des centaines de Congolais ont continué à se rendre au Rwanda quotidiennement pour collecter de l’eau. Dans le cadre d’un projet d’infrastructure nationale de l’eau, le gouvernement rwandais a remplacé les tuyaux métalliques par des tuyaux en plastique lourd. Ceux-ci transportaient de l’eau vers deux points d’eau mis en place aux deux postes frontières. Ils ont été construits spécifiquement à cet effet.
Il n’était plus nécessaire pour les Congolais d’entrer en grand nombre au Rwanda à la recherche d’eau, selon notre source. Cependant, en 2013, le gouvernement du Rwanda a également arrêté le pompage de l’eau complètement jusqu’à la frontière et fermé les points d’eau. À l’époque, les rélations entre Kigali et Kinshasa étaient au plus bas, car la RD Congo, ainsi que divers rapports de l’ONU, accusaient le Rwanda de fomenter la guerre dans l’Est du Congo par le biais de groupes rebelles.
Mais cela n’a pas empêché les Congolais de venir chercher de l’eau, ce qui a finalement conduit à la croissance de l’activité de transport de l’eau qui repose sur des particuliers utilisant des camions, des motos, des fauteuils roulants et des vélos.
Le fournisseur des services publics du Congo dispose d’une usine d’eau à Goma qui pompe l’eau du lac Kivu. Cependant, les grossistes en eau congolais qui transportent du Rwanda disent que les usines de Goma préfèrent l’eau rwandaise. L’un des Congolais autorisés à transporter de l’eau du Rwanda travaille pour l’usine de Kilimanjalo qui emballe de l’eau minérale à Goma. Il a déclaré que l’usine préfère l’eau rwandaise parce qu’elle coûte moins cher à traiter que l’eau du lac Kivu qui nécessiterait un nettoyage plus complexe, y compris la désalinisation.
Pour soulager les souffrances des pauvres de Goma, des organisations internationales sont intervenues pour aider l’État en difficulté. Depuis plus de deux décennies, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) gère l’approvisionnement en eau de Goma. Pas plus tard qu’en 2014, il travaillait encore à l’amélioration du réseau de distribution d’eau de la ville de Goma, notamment en ouvrant deux nouvelles stations de pompage. On dit qu’ils servent quelque 500,000 personnes à Goma. Le CICR mène également des programmes d’approvisionnement en eau pour plus de 85,000 personnes vivant dans les zones rurales des territoires de Walikale, Masisi et Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu.
Ces programmes combinés aux importations d’eau du Rwanda ont peut-être aidé Goma à enregistrer un meilleur accès à l’eau potable que la plupart du reste de l’immense nation d’Afrique centrale. Les statistiques sur l’accès à l’eau provenant des enquêtes aux indicateurs multiples de l’UNICEF montrent que 68,5% des ménages de la région du Nord-Kivu en RDC avaient accès à une source d’eau améliorée en 2018, soit plus de 20 des 26 sous-régions du pays.
Dans la région occidentale du Rwanda qui comprend Gisenyi, environ 83% des personnes utilisaient une source d’eau améliorée en 2017 – avec une majorité utilisant une source protégée ou un robinet public, selon l’enquête sur les indicateurs du paludisme du programme Demographic and Health Survey. Mais les cinq régions rwandaises avaient amélioré l’accès à l’eau de plus de 70 pour cent, tandis que dans la majorité des provinces de la RDC, moins de 50 pour cent des habitants avaient accès à l’eau potable.
L’eau, une activité coûteuse aujourd’hui
Avec tous ces facteurs naturels et artificiels agissant contre les habitants de Goma, les Congolais continuent d’avoir besoin d’eau de Rubavu, au Rwanda, ce qui met à rude épreuve l’approvisionnement local en eau. À l’heure actuelle, l’usine de traitement de l’eau Gihira 1 à Rubavu produit 8,000 mètres cubes d’eau, partagés entre le brasseur rwandais BRALIRWA et la ville de Gisenyi et également envoyés à Goma.
Lors du recensement national de 2012 au Rwanda, le district de Rubavu comptait 430 000 habitants. Ce nombre est peut-être beaucoup plus élevé aujourd’hui. WASAC, le fournisseur d’eau au Rwanda, agrandit actuellement l’usine de Gihira I pour produire 2 000 mètres cubes supplémentaires d’eau. Une autre deuxième Gihira II est également en construction pour pomper 15000 mètres cubes par mois. Celles-ci font partie de l’investissement prévu par le gouvernement de 300 millions de dollars pour atteindre un accès à 100% à l’eau potable d’ici 2024.
Mais jusque-là, le coût de Rubavu et Goma en tant que voisins restera élevé. La réduction de la quantité d’eau entrant à Goma, 500 mètres cubes, est de plus en plus chère.

Kasereka Makazi, l’un des hommes d’affaires congolais encore autorisés à transporter de l’eau à Goma, nous a dit que les changements introduits après l’émergence du COVID-19 avaient apporté de nouvelles conditions de paiement. Chaque trajet, il prend 5 000 litres d’eau. Cependant, il doit maintenant payer Rwf 22 960 ($ 24,6) en espèces aux coopératives rwandaises, en plus des Rwf 73 (0,08 $) par jerrycan de 20 litres à WASAC via le paiement bancaire pour l’eau à l’usine.
« Ce sont de nouvelles charges que je dois payer. Non seulement l’argent est trop, mais jusqu’à présent, je ne sais pas pourquoi je dois payer ces charges », explique Makazi. « Pourquoi devons-nous payer de l’argent à la coopérative rwandaise alors qu’elle ne nous rend aucun service ? »
En plus des nouvelles charges, les camions congolais opèrent dans des conditions exceptionnellement strictes sur le territoire rwandais. Les instructions du COVID-19 exigent que les camions ne s’arrêtent nulle part à l’intérieur du Rwanda, de la frontière à l’usine d’eau et retour.
Munyantwari Mohamed, chef de la coopérative rwandaise Girubuzima, dit que leurs homologues congolais les paient parce qu’ils les aident à obtenir de l’eau au Rwanda.
Murindabigwi Gilbert, le directeur régional de WASAC, a éloigné le service public national de la décision de n’autoriser que deux coopératives à s’occuper de la distribution d’eau transfrontalière. « Le permis est de la responsabilité du district ; notre travail est de vendre de l’eau à ceux qui ont un permis, et pour que nous puissions contrôler le COVID-19, les deux coopératives sont les seules pour l’instant », a déclaré Murindabigwi.
Ce reportage a été réalisé en partenariat avec InfoNile avec le soutien de Code for Africa et un financement du Pulitzer Center et de la National Geographic Society. Informations supplémentaires et édités par Annika McGinnis.
Ce reportage a été initialement publié sur The Chronicles.